LA FEUILLE DE ROUTE RENFORCÉE DE FRANCE CIMENT POUR ALLER PLUS VITE ET PLUS LOIN DANS LA DÉCARBONATION DU SECTEUR

France Ciment, nouveau nom du Syndicat Français de l’Industrie Cimentière (SFIC), a dévoilé en mai dernier la nouvelle feuille de route de décarbonation de la filière. Objectif : réduire de moitié l’empreinte carbone de l’industrie cimentière d’ici à 2030, et viser la quasi-neutralité carbone à horizon 2050. Pour y parvenir, les cimentiers comptent agir sur deux leviers : l’accélération de la décarbonation des process et le déploiement des solutions de captage du carbone inhérent à la fabrication du ciment.

« C’est un bouleversement majeur que l’on ne vit qu’une fois par siècle dans une industrie comme la nôtre ! »

C’est par ces mots forts que Bruno Pillon, Président de France Ciment, a introduit la conférence de présentation de la nouvelle feuille de route de l’industrie cimentière, le 25 mai dernier. Des mots forts pour exprimer une idée forte, l’industrie cimentière entend prendre toute sa part dans l’effort collectif pour décarboner l’économie. Elle doit pour cela se transformer en profondeur. Cette nouvelle dynamique, symbolisée par le changement de nom du Syndicat Français de l’Industrie Cimentière en France Ciment (voir l’édito de Bruno Pillon dans ce numéro), est très ambitieuse : la feuille de route prévoit une réduction de 50% des émissions de CO2 d’ici 2030 et l’atteinte d’une quasi-neutralité carbone pour 2050. Dans ce cadre, quels sont les leviers identifiés et les actions à prendre pour produire un ciment décarboné Ils sont de deux ordres. D’une part, l’accélération des solutions de décarbonation déjà existantes ; et d’autre part, le recours aux solutions de captage du carbone.

Améliorer l’efficacité énergétique, recourir à des énergies combustibles non fossiles en valorisant les déchets non recyclables et enfin abaisser en cimenterie la teneur en clinker.

Le premier levier consiste à accélérer le déploiement des différentes solutions de décarbonation déjà connues. Il s’agit notamment d’améliorer l’efficacité énergétique des process dans les cimenteries et d’augmenter la substitution des énergies fossiles par des combustibles alternatifs, principalement par la valorisation des déchets non recyclables des collectivités locales et des industries voisines. Ainsi, l’industrie cimentière s’engage à ce que la part des combustibles alternatifs atteigne 80% dès 2030, contre 44% en 2021. « Ce doublement de la part de déchets dans notre mix énergétique va renforcer notre modèle d’ancrage territorial déjà fort, puisque nous allons offrir une solution d’exutoire de premier plan aux collectivités locales », note Bruno Pillon. Pour accélérer la décarbonation des solutions existantes, il s’agit également d’abaisser la teneur en clinker – le composant carboné du ciment – en produisant des substituts
(argile calcinée…) moins émissifs et en proposant de nouvelles formulations pour élargir la gamme des ciments « Au total, ces deux effets cumulés devraient permettre de réduire de 27% l’empreinte carbone d’une tonne de ciment dès 2030, explique Bruno Pillon. ».

Le captage du CO2 à la source

Le second levier sur lequel l’industrie cimentière compte s’appuyer pour accélérer la décarbonation
du secteur est celui du captage du carbone produit par les cimenteries. En effet, sur les 10 millions de tonnes de CO2 émises chaque année par ces dernières, les 2/3 sont inhérentes à la fabrication du clinker via le processus chimique de décarbonatation du calcaire, la principale matière première. Pour « s’attaquer » à ces émissions, le déploiement des technologies de captage, de stockage et de valorisation du CO2 est incontournable. Alors que des premiers projets pilotes sont d’ores et déjà développés, les objectifs de « captage » sont ambitieux : 2,4 millions de tonnes de CO2 par an dès 2030, ce qui permettrait de réduire de 23% supplémentaires les émissions à cet horizon. « Au-delà de cette décarbonation, les cimenteries, en offrant des infrastructures de captage, de stockage et de valorisation mutualisées, participent au développement de hubs territoriaux de cette nouvelle économie du carbone, créatrice de valeur et d’emplois non délocalisables », indique Bruno Pillon.

Le soutien nécessaire de la puissance publique

On le perçoit : la nouvelle feuille de route « décarbonation » de l’industrie cimentière est volontariste. « Pour que cette stratégie puisse aboutir, nous avons besoin du soutien des pouvoirs publics, notamment pour nous accompagner dans le développement des technologies de captage, de stockage et de valorisation du carbone », plaide Bruno Pillon,
qui souhaite faire de la filière un leader en la matière. Outre le développement des infrastructures et la stabilisation du cadre réglementaire, la sécurisation d’un accès à une énergie électrique décarbonée et compétitive est cruciale. « Le déploiement des technologies de captage de CO2 implique un doublement des besoins en électricité pour nos sites », précise Bruno Pillon.

Avec cette nouvelle feuille de
route, l’industrie cimentière française affirme clairement sa volonté d’innover et de se réinventer, afin de mettre en oeuvre les leviers qui permettront de produire un ciment décarboné ; comme le résume la nouvelle signature du secteur : “Le ciment change, et
ça change tout !”